M. Med Jemil Mansour, président du parti Tawassoul, repondait aux questions de calame
1°) Deux conseillers du président de la République ont demandé la dissolution de votre parti, Tawassoul. Qu’est-ce qui, a votre avis pourrait justifier ces sorties? Vous inquiètent-elles?
Med Jemil Mansour : Merci beaucoup pour cette occasion que m’accorde votre journal. La réponse est NON. Parce que lors de la conférence de presse organisée au niveau de notre siège, les déclarations ont été très claires. Que le parti Tawassoul est un projet, une idéologie et aucun gouvernement, aucun pouvoir ne peut dissoudre une idéologie. C’est vrai qu’administrativement le parti peut être empêché mais nous croyons que nous étions ici avant la reconnaissance de Tawassoul et nous resterons inchallah, après pour jouer pleinement notre rôle le processus démocratique, et l’alternance pacifique au pouvoir. Nous resterons et travaillerons pour la promotion d’une meilleure démocratie dans notre pays. Donc quelques soit le contenu des déclarations des conseillers du président, même si aujourd’hui ces déclarations sont dépassées cela ne nous inquiète pas.
2°) Ces appels à dissoudre Tawassoul interviennent après le discours de Néma au cours duquel le Rais a annoncé la tenue d’un dialogue dans 3 à 4 semaines ouvert à tous ceux qui veulent y participer. Peut-il y avoir un rapport entre ces évènements?
Med Jemil Mansour : Bien sûr. Nous croyons que le dialogue qui a été annoncé pendant le discours de Nema est un dialogue qui a été réfuté par les partis d’oppositions démocratiques parce que c’est un dialogue unilatéral, dont date, le contenu, et même une partie des résultats a été décidé sans le consensus des autres partis. Donc nous croyons que ce n’est pas le dialogue demandé par les mauritaniens et il ne peut pas être accepté par le FNDU.
D’un autre coté, au cours de l’annonce de ce dialogue unilatéral, dans le discours de Nema, il ya eu une attaque contre l’opposition démocratique en général, et contre notre parti en particulier. C’est pourquoi, nous restons sur notre positon, qui refuse tout dialogue unilatéral, que nous estimons impossible d’aboutir à des résultats pouvant servir la démocratie et l’alternance dans ce pays. Ce faisant, nous restons ferme avec nos alliés au sein du FNDU, mais nous restons également très ouvert s’il ya des conditions d’un dialogue sérieux et sincère.
3°) Quelle serait la réaction de votre parti si le pouvoir accédait à la demande de ces deux conseillers du président ?
Med Jemil Mansour : avant la reconnaissance de Tawassoul, on avait décidé de faire la politique d’une façon claire et transparente, et dans le respect des règles de la démocratie et l’alternance pacifique. Pour nous, il s’agit d’une décision stratégique. Nous avons beaucoup œuvré pour avoir un parti politique reconnu et avec notre reconnaissance, nous avons présenté aux publics mauritaniens, une expérience politique très riche. Et nous espérons, continuer notre combat politique et démocratique, notre projet de société quelque soit la situation qui se présentera à nous. Aucun pouvoir ne peut nous faire basculer ou nous ramener à la période de la clandestinité ou dans une situation d’illégalité au sens politique. Nous travaillerons avec ou sans le récépissé car, qu’on le veuille ou non, Tawassoul est devenu une force très importante dans l’échiquier politique national, une force que l’on ne peut plus ignorer ou exclure. Ce faisant, on ne peut pas envisager une carte politique réel dans ce pays sans la présence d’un parti aussi important que le rassemblement national pour le reforme et le développement.
4°) Tawassoul ne regrette-t-il pas aujourd’hui d’avoir accompagné le pouvoir lors des dernières élections municipales et législatives ?
Med Jemil Mansour : Non, on n’a pas accompagné le pouvoir pendant ces élections. On a décidé d’une façon autonome, responsable et politique de participer à ces élections. Et à l’époque on avait déclaré que le jeu d’une élection transparente n’y est pas mais malgré tous cela, à cause de beaucoup d’aspects (interne et externe), et après une analyse de la situation on a décidé qu’un parti lié aux populations, lié à sa base doit prendre la décision de participer dans ces élections et d’utiliser la marge qui existe dans les élections. Aujourd’hui, les fruits de ces élections ont démontré que nous avions raison d’avoir choisi la participation. Après les élections on avait expliqué au public que, ce que nous avons obtenu comme résultat, on l’a arraché, en dépit des manipulations du parti au pouvoir.
Donc nous ne regrettons pas cette participation et nous croyons que c’est une participation positive, et c’est une façon de continuer le combat politique contre le pouvoir par le biais de nos députés. De même l’expérience de gestion des communes par nos maires a également donné raison à notre décision. Et je crois que d’autres forces politiques croient à cela maintenant.
5°) Dans le discours de Néma, le président a qualifié son opposition d’ « irresponsable », de non démocratique, d’ennemi de la nation, de voleurs… Pensez-vous qu’il veut bien parler avec cette opposition ? Sinon, à quoi servent ces appels au dialogue ?
Med Jemil Mansour : Les attaques dans le discours de Nema, sont irresponsable et nul n’a le droit d’utiliser ces termes contre ces adversaires politiques. D’ailleurs, une grande partie des partis de la majorité regrettent ce discours et son contenu. Contrairement à ces allégations abérantes du président, l’opposition est un ensemble de partis qui sont démocratiques, responsables, et défenseur des intérêts de la nation. C’est pourquoi d’ailleurs, nous subissons toutes les formes de brimades, de pression politique, d’exclusion et d’isolement de la part de ce pouvoir. Aujourd'hui, personne n’échappe à cette situation au sein de l’opposition en général, à commencer par ses cadres, en passant par ses responsables, et même les employés simples, qui sont membres des partis qui composent l’opposition démocratique ne sont pas épargnés de ce régime et de son administration. Je crois que ce discours doit être dépassé, par eux avant nous.
6°) A en croire certaines sources, d’intenses discussions se déroulent au sein du FNDU pour savoir si le forum doit aller au dialogue ou le boycotter. Le FNDU ne court-il pas, le risque de voir certains de ses partis succomber aux sirènes du pouvoir?
Med Jemil Mansour : il ya des discussions, importantes et parfois longues au sein du FNDU. Et c’est normal, car nous sommes une composition de partis politiques, de personnalités indépendantes, d’organisations syndicales et de la société civile. Nous sommes différents donc c’est normal qu’on discute mais je crois qu’aujourd’hui, le resserrement des rangs et l’unité du FNDU est garantie. Je peux vous confirmer que nous sommes aujourd’hui, d’accord sur la position générale vis-à-vis de ce dialogue unilatéral mais également, vis-à-vis de la question du dialogue de manière général. Le FNDU comme il la déclaré d’ailleurs, dans un communiqué, rejette complément le discours de trois à quatre semaine, le dialogue de trois à quatre semaines. Il rejette fermement le dialogue unilatéral annoncé par Aziz à Nema car c’est un dialogue qui ne répond à aucun critère, d’un dialogue politique démocratique, qui peut servir le processus démocratique du pays. Cependant, le FNDU reste ouvert et disponible à tout dialogue sérieux, qui répond aux exigences de la conjoncture politique actuelle du pays. Le FNDU en tant que composante politique responsable, croit au dialogue, veut le dialogue mais pas n’importe quel dialogue.
7°) Pourquoi l’opposition n’irait-elle pas discuter de tous les points comme le propose le pouvoir et quitter la table si ce qui semble essentiel n’est pas pris en compte ?
Med Jemil Mansour : nous avons déjà des expériences amères avec ce pouvoir qui plusieurs fois nous a parlé d’un dialogue, et a organisé des réunions, et même des cérémonies au palais des congrès. Mais, on s’est rendu compte très vite que le pouvoir n’est ni sérieux ni disposé au dialogue. Ce qu’il voulait en faite s’est de fêter l’événement et organiser des cérémonies pour en faire une propagande médiatiquement à l’intérieur et à l’extérieur du pays. C’est pourquoi aujourd’hui on a demandé un préalable avant tout dialogue avec ce pouvoir. Cela permettra de préparer un vrai dialogue sérieux et constructif. Cela suppose qu’il faudra parler de l’accord cadre et des garanties nécessaires, pour créer le climat de confiance entre le pouvoir en place et nous. Ce que nous demandons ce n’est pas seulement se réunir ou annoncer qu’il ya eu un dialogue pas du tout. Nous voulons un dialogue sérieux, qui peut aboutir à des résultats, qui vont servir la démocratie, l’unité, la stabilité et l’avenir du pays. C’est pourquoi on a demandé dans une plateforme écrite, remise à la délégation du pouvoir des réponses à des questions où on a expliqué que c’est pour créer un climat sérieux de dialogue. Il ne s’agit pas pour nous de venir à la table de négociation et quitter sans résultat. Ce que nous demandons c’est une préparation commune d’un dialogue sérieux, en discutant ensemble les garantis, le format, le contenu pour obtenir un résultat auquel tous les concernés pourront également participer.
8°) Partagez-vous le sentiment de certains mouvements Haratines comme le Manifeste et le mouvement EL Hor qui estiment que le président de la République a porté atteinte à la « dignité » de cette communauté quand il l’accuse de produire trop d’enfants par famille?
Pensez-vous comme certains qu’il doit présenter des excuses à cette communauté ?
Med Jemil Mansour : je crois qu’il ya beaucoup d’organisation, de personnes et de partis politiques, qui ont compris ce qui s’est passé. Et tous ces partis, organisations, et personnalités ont demandé à ce que des excuses soient présentées à la communauté Haratine. Et je crois que c’est le minimum.
9°) Sur le plan économique, le président de la République a sorti beaucoup de chiffres pour démontrer que le pays se porte très bien depuis qu’il préside à ses destinées. Sur quoi se base le FNDU pour mettre en doute ces chiffres ?
Med Jemil Mansour : premièrement il ya une discussion économique et technique sur ces chiffres. Je crois que beaucoup d’experts on parlé de ces chiffres, de ses contradictions. Certains même ont parler des enjeux, que provoquent ses chiffres. Ce qui est important pour nous en tant qu’homme politique et en tant que quelqu’un qui s’intéresse à la situation des populations, c’est l’impacte de ces chiffres dont parle dans le discours de Nema sur la vie économique et sociale des citoyens.
Je crois que tout mauritanien saurait se reconnaitre à travers ses chiffres, comparé à sa situation socio économique, avec les hausses de prix, la prolifération du chômage, la mauvaise gestion des établissements et des projets sensés garantir une vie décente aux citoyens.
Aujourd’hui les populations de Nema par exemple, qui étaient visées par ce discours, ne peuvent pas comprendre ses chiffres, avec la soif, la cherté de vie, la dégradation de service publique et l’absence d’électricité et d’infrastructures. Je crois que des chiffres, qui ne se traduisent pas sur la vie économique et sociale du pays, n’ont pas beaucoup d’importance.
10°) Ne pensez-vous pas que le discours de Néma constitue un prélude au déverrouillage de la Constitution pour ouvrir le couloir vers un 3e mandat à l’actuel président ?
Med Jemil Mansour : je crois que la dernière déclaration du président, qui consiste à ne pas briguer un troisième mandant, est un message, qui est très clair. Ce faisant, nous prenons les populations et les autres observateurs comme témoin de cette dernière déclaration dans laquelle le président s’engage à ne pas modifier la constitution, ni le mandat présidentielle et également à respecter le sermon prononcé deux fois dans ce sens. Donc nous prenons acte de cela et nous ne voulons pas revenir à d’autres déclarations. Cette question qui touche la constitution doit être claire pour tous les mauritaniens Car elle ne donne aucune possibilité de changement de la Constitution pour briguer un troisième mandat.
11°) De quels moyens dispose l’opposition pour empêcher le président actuel, s’il le désire bien sûr de s’offrir un tel luxe ? Comment ?
Med Jemil Mansour : nous n’avons que l’action politique et démocratique. Sensibiliser les populations, l’opinion nationale et internationale contre le danger de tout changement constitutionnel visant à modifier la question des mandats présidentiels
12°) -Comprenez-vous cette levée de bouclier qu'a suscité au niveau du pouvoir, le rapport Alstom, rapporteur spécial des Nations Unies sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme qui a séjourné, il y a quelques jours en Mauritanie?
Med Jemil Mansour : vous savez la situation de pauvreté, de l’économie, des communautés est très connue par tous les mauritaniens et ne passe pas inaperçue. Quelques soit le contenu du rapport du rapporteur spécial des Nations Unies. Et je crois aux lieux de s’intéressé au contenu de cette déclaration et d’attaquer le concerné, il faut plutôt travailler pour régler nos problèmes. Si nous réglons le problème de la pauvreté. Si chaque communauté, chaque willaya, chaque personne trouve ses droits, ses intérêts dans l’état mauritanien, personne n’aura l’audace de parlera de nous sans preuve ni justificatif. Donc il faut qu’on règle ses problèmes, qui existent et qu’on ne peut plus nier.
13°)- Le président de la République vient de réaffirmer que le dialogue annoncé dans son discours de Néma se tiendra à la date prévue (3 à 4 semaines). Qu'en pensez-vous?
Med Jemil Mansour : je crois qu’on a dépassé trois semaines et même quatre, cette date importe très peu d’ailleurs. Ce qui importe, c’est le respect de la vie des nations, des populations et d’un état comme le notre. En d’autres termes, un dialogue destiné à régler les problèmes politiques et socioéconomiques ne peut en aucune façon être annoncé de cette manière, ni du point de vue de sa date, ou de ses participants ou Même de ces résultats. Pour faire un dialogue sérieux il faut nécessairement créer les conditions pour garantir la réussite de ce dialogue. Le problème qui se pose par rapport à cette question est principalement lié au contenu et à la modalité il n’est pas lié à la détermination de deux ou trois semaines.