Abasourdi encore par le tintamarre de son discours deNémadont il n’a pas fini de subir les conséquences, et sans doute de méditer sur les ratés, ulcéré par les déclarations du rapporteur spécial des nations unies sur la situation d’extrême pauvreté en Mauritanie, angoissé par le boycott de l’opposition radicale face à l’offre de dialogue politique, le présidentMohamed Ould Abdel Azizsemble profondément engouffré dans un tourbillon d’incertitudes.
L’homme n’est pas au mieux de sa forme. Son discours de rattrapage àNouadhibou n’a pas non plus corrigé ses maladresses de l’Est.
Entouré par des béni-oui oui prêts à louvoyer sans arrêt pour un oui ou pour non, même si le président mélange les pédales, même si le pays sombre dans les scandales, le locataire du palais brun tente de sauver les meubles sans trouver la formule magique.
Le temps presse pour pouvoir régler un agenda politique chargé par trois événements majeurs : l’organisation du sommet arabe, la dissolution risquée du sénat et la tenue incertaine du dialogue politique.
Depuis quelques jours, le pays est livré aux sirènes des missions d’explication du discours tonitruant de Néma auxquelles l’opposition répond sans ménagement avec un exercice de communication nourri par une logomachie rageuse. LaMauritanie est en pleine ébullition poussée par la fièvre de l’or.
La politique est venue apporter son lot de confusion entretenu par toutes sortes de prévisions catastrophiques sur la gestion personnalisée du pouvoir par Mohamed Ould Abdel Aziz. Aussi sur les intentions du président à briguer un troisième mandat pour lequel il veut baliser le terrain en tentant d’apporter des amendements constitutionnels.
Il y a ces derniers temps des tractations en cours où la main tendue du PrésidentAzizapparait en filigrane. Sachant que le dialogue politique limité aux seuls partis de la majorité élargi à une poignée de partis de l’opposition sera une parodie- bis en l’absence des formations crédibles notamment le FNDU, le pouvoir s’oriente vers une stratégie d’exploitation des forces politiques jusque-là diabolisées par les idéologues du pouvoir et qui ne sont pas en odeur de sainteté avec la majorité de la classe politique de tous bords pour des raisons évidentes de vision politique.
Aziz veut donc tester la carte du « tempérament » avec le leader de l’Ajd/mr, celui des FPC, du président du parti arc-en-ciel, et dans une moindre mesure du MPR de KHBpour ouvrir la passerelle à une éventuelle entrée au dialogue.
Les contacts engagés directement ou par émissaires interposés, présagent d’une préparation à une telle hypothèse. A défaut des grives Aziz voudrait-il des merles pour rendre son dialogue digest aux yeux de l’opinion nationale et surtout internationale. Une manière « railleuse » de lancer un défi à ses adversaires duFNDU déterminés à aller jusqu’au bout de leurs positions tant que les préalables fixés ne sont pas satisfaits. Mais rien ne semble gagné d’avance dans ce jeu où les concessions risquent de relever du miracle.
Mais au cas où cette aérophagie serait réussie, Mohamed Ould Abdel Aziz aura frappé un grand coup « diplomatique » qui consacrerait une vidange de la machine des préjugés idéologiques à l’égard de certaines des formations en question.
En pactisant avec des personnalités dont la vision sur les grandes questions politiques est soit mal comprise, soit mal admise, Aziz fait feu de tous bois pourvu qu’il gagne le pari qu’un dialogue politique aura lieu dans des délais courts et qu’il puisse faire passer certaines modifications qu’il entend apporter à la constitution en vue d’avoir une marge de manœuvre assez confortable pour gérer comme il veut son mandat en cours et ainsi prétendre, si le temps et les contingences politiques lui permettaient, de rester aussi longtemps qu’il le souhaiterait au pouvoir.
Mais on est sûrement loin encore de telles projections vers l’inconnu … tout en situant proche dans le creux de la vague !
Source : Le Rénovateur Quotidien