Décidément face au pouvoir, entre la crise de nerfs et cirer les pompes, l’ordre national des avocats passe d’un extrême à l’autre. L’ancien bâtonnier, maître Bouhoubény, était un opposant déclaré au pouvoir. Il ne ratait aucune occasion pour le montrer et créer un clash dès que possible. Il a fini par retirer sa robe d’avocat pour protester face à Aziz lors de la cérémonie d’ouverture de l’année judiciaire 2015.
« J'ôte et vous remets ma robe pour dénoncer l'état de la justice en Mauritanie, pour dénoncer l'absence d'une volonté politique tendant à améliorer ce secteur central dans une démocratie", a-t-il déclaré.
Me Bouhoubeiny a ensuite ôté sa robe d'avocat pour en couvrir le micro et a déposé un rapport écrit intitulé "Le calvaire de justice depuis 2008, contribution à l'ouverture de l'année judiciaire".
Comme il est parti le jour de la levée des couleurs en novembre 2013 estimant que le pouvoir ne respectait pas le protocole et marginalisait le bâtonnier de l’ordre.
Pour preuve de son orientation radicale, qui entraînait avec elle la responsabilité de l’ordre national des avocats et donc leur rapport avec le pouvoir, l’autorité de tutelle, maître Bouhoubény est désormais un homme politique d’opposition ayant même fait un tour à la tête du FNDU.
Après lui un homme a été élu, au deuxième tour, bâtonnier de l’ordre national des avocats. Qui est-il ? Dans son CV, l’essentiel est d’avoir été au conseil constitutionnel pour valider l’élection au premier tour d’Aziz après avoir mis en veilleuse la constitution l’année précédente, ce qui emporta le premier président élu démocratiquement, ou militairement, au suffrage universel direct.
Maître Cheikh Ould Hindi n’est donc pas apolitique. Il semble être quelqu’un de bien qui sait juste face à quel régime implacable il a affaire et surtout comment survivre. C’est le réel qui l’intéresse, pas les incantations. C’est un collaborateur constructif, pas un révolutionnaire impuissant. L’affrontement ne l’intéresse pas, il préfère plier et recevoir peut-être plutôt que les coups sur le bout des doigts accusateurs. C’est un avocat qui, le moins qu’on puisse dire, a flirté avec le pouvoir au plus haut niveau. C’est donc l’anti-Bouhoubény par excellence même s’il n’est pas dit que Bouhoubény n’aille pas rejoindre les rangs du pouvoir tôt ou tard comme c’est la tradition du nomadisme politique chez nous.
Après tout Cheikh Ould Hindi a le droit d’avoir un penchant pour le pouvoir mais en tant que bâtonnier de l’ordre élu au second tour, il devrait respecter une bonne partie des avocats qui ne sont pas enclins à se déshabiller pour féliciter le chef de l’état comme le fit le nouveau bâtonnier en retirant sa robe et en l’offrant au chef de l’état. Retirer pour protester ce n’est pas retirer pour féliciter Aziz.
Geste ridicule car le chef de l’état est le premier magistrat du pays. Quel intérêt pour un général de recevoir les galons d’un capitaine sinon comme sanction ? En plus d’être ridicule, cela engage l’ordre national des avocats qui semble ainsi déposer le blason au pied du pouvoir militaire civilisé alors que le processus démocratique est toujours en cours...
Ridicule et lamentable quand on apprend, via l’agence mauritanienne d’information, que le bâtonnier de l’ordre qui se déshabille pour féliciter le chef de l’état pour avoir fait voter les lois qu’attendaient les avocats, voilà que le bâtonnier énumère ce qui reste à faire et là, on tombe des nues ! S’il reste tout ça à faire dont le minimum serait d’exécuter les jugements, on se demande ce que fera l’année prochaine le bâtonnier si Aziz accomplit ses vœux. Après sa robe que lui restera-t-il à donner ?
Le bâtonnier va jusqu’à demander des terrains et des privilèges, on comprend la frustration de ceux qui ont voté pour lui après avoir subi la diète du temps de Bouhoubény.
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