Le Premier ministre était – encore – en ce début d’année devant le parlement pour présenter sa DPG (Déclaration de politique générale). Un discours fleuve avec une ossature connue d’avance (la même que celle que son prédécesseur prononçait depuis 2009) avec des chiffres qui varient peu ou prou. Cette année, l’impression qui se dégage de cette DPG est que le gouvernement tourne en rond. Preuves.
Le dialogue est un mot phare depuis la présidentielle de 2009. Dans chaque DPG, il revient en bonne place : » sur un autre plan, le renforcement de notre système démocratique sera renforcé (…) par la promotion de la culture du dialogue et du pluralisme politique. »
Mais ce sont les « choses » de l’économie qui constituent cette année le plus grand amalgame. Des projets dont la fin des travaux était annoncée pour 2015 reviennent à l’état de projet. C’est comme si les 109 milliards d’ouguiyas (3 milliards de dollars) mobilisés, dont 60% de dons, ont été utilisés à d’autres fins. Le port de Tanit financé à hauteur de 14 milliards d’ouguiyas est à seulement 30% de son exécution ! L’achèvement du nouvel aéroport international de Nouakchott annoncé en 2015 dans la DPG du nouveau Premier ministre Yahya Ould Hademine, est toujours attendu. Car malgré les visites organisées par la société Najah et le ministère de l’Equipement pour constater de visu l’achèvement des grands travaux, le fonctionnement d’Oum Tounsy (nom controversé du nouvel aéroport) n’est pas pour demain. Le financement faramineux qu’il a coûté au contribuable mauritanien devrait encore s’allonger pour l’équiper.
La production de l’énergie à partir du gaz est une histoire qui ne finit pas. En 2015, le Premier ministre annonçait 300 MW mais paradoxalement le retrait de l’un des principaux partenaires, la société Tullow, ne semble avoir perturbé en rien ce programme censé servir aussi nos voisins du Sénégal et du Mali. Pourtant, le projet reste à l’état de projet.
Tout comme la construction d’une salle omnisports de 3000 place annoncée en 2015 et qui revient encore en 2016. Le Premier ministre a ajouté même que le gouvernement prévoit la construction d’un nouveau stade de 30000 places, ce qui ramène dans les mémoires : « Ribat El Bahr », la ville touristique de 50000 habitants, la Grande mosquée de Nouakchott d’une capacité de 15000 prieurs, l’usine de production de sucre, le projet Aftout Echargui destiné à approvisionner en eau potable plus de 300 villages dans le triangle de pauvreté (dénommé « triangle de l’espoir » pour des raisons de propagande) et, enfin, le projet « D’har » qui doit mettre fin à la soif des habitants des deux Hodh, le réservoir électoral de l Mauritanie.
C’est dire que l’étalage des chiffres est une chose mais la réalisation des promesses en est une autre.
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