Les rencontres consultatives préliminaires au dialogue national, qui se sont déroulées, du 7 au 14 Septembre, au Palais des congrès, ont achevé leurs travaux lundi. Dans le même désordre et le même vacarme. Sans l’opposition radicale ou dialoguiste. Toutes les deux ont préféré bouder une pièce de théâtre conçue et jouée dans un objectif que personne n’est parvenue à élucider. La Mauritanie des profondeurs a été appelée à la rescousse. L’UPR a mobilisé le peu de monde qu’il est encore capable de drainer. Les applaudisseurs, les troubadours, les opposants en rupture de banc, les partis-cartables et sacoches, les syndicats inconnus, les ONGs qui le sont tout autant, tous ont été invités à rappliquer au Palais des congrès, faire acte de présence, intervenir lors des ateliers, bref « remplir la salle », donner l’impression que « la Mauritanie a répondu, dans toute sa diversité, présente à l’appel du président Ould Abdel Aziz », pour reprendre les termes d’un laudateur auquel la TVM a tendu un micro baladeur qui ne « capte » que les bonnes choses. Une semaine durant donc, les « dialoguistes » (avec eux-mêmes) ont passé en revue tous les aspects de la vie politique, économique et sociale. Ils ont débattu de tous les sujets possibles et imaginables, du principe du dialogue au renouvellement de la classe politique, en passant par l’Etat de droit, l’indépendance de la justice ou la décentralisation. La déclaration finale, qui récapitule ces différents points, a été lue, en arabe et en français, par deux transfuges de l’opposition, fraichement sortis des rangs. Un « honneur » auquel auraient bien voulu avoir droit chefs de partis et simples militants de la majorité qui ont usé leur fond de culotte à assister à toutes les réunions, applaudir, se déhancher et danser du ventre. C’est à se demander qu’est-ce qu’ils ont de plus que les autres, nos deux rescapés, dont un a déjà quitté la majorité pour l’opposition, avant de faire machine arrière et re-machine arrière, puis, au cours des dernières semaines, re-re-machine arrière. Quand s’arrêtera-t-il ? Réponse dans quelques mois ou quelques années, lorsque le pouvoir changera de main.
En attendant, les questions fusent, de toutes parts, à l’issue du show. Pourquoi le pouvoir s’est-il entêté à l’organiser, sachant pertinemment que l’opposition n’y prendrait pas part ? Comment inviter, au dialogue prévu le 10 Octobre (au plus tard), la moindre personne, a fortiori les plus grands partis d’opposition, à discuter de thèmes convenus sans eux ? Qu’y aurait-il de changé, pour que l’opposition accepte un telle issue ? On n’a pas parlé d’amendements constitutionnels. Cela couperait-il l’herbe sous les pieds de ceux qui pensaient que tout ce cinéma n’était destiné qu’à ça ? Mais les préliminaires restent ce qu’ils sont : des préliminaires. Sans doute peuvent-ils couper l’herbe, la salade, les hors d’œuvre mais les ailes des pigeons, c’est pour le plat de résistance...
Ahmed Ould Cheikh
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