Source ANI
Le candidat du Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD-Tawassoul), Mohamed Jemil Ould Mansour, a obtenu aux élections présidentielles 2009, un score qu’il considère honorable. En effet, Mansour a choisi de se présenter aux élections contre le choix du FNDD et pourtant il a recueilli 4,76% des suffrages exprimés contre 16,29% pour le FNDD.
Ces résultats satisfaisants l’encouragent à continuer son combat politique et ce, en tant qu’opposant ou partisan.
Nouakchott Info l’a rencontré afin d’en savoir plus sur ses projets à l’aube de la constitution d’un nouveau gouvernement.
Nouakchott Info : Quelle appréciation faites-vous de votre première participation à une élection présidentielle ?
Mohamed Jemil Ould Mansour : Tout d’abord, nous rendrons grâce à Allah. Pour cette première participation à une élection présidentielle, notre appréciation est positive. Le parti a pris la décision de présenter son programme pour essayer de connaître la réponse des Mauritaniens à ce programme et évidemment pour gagner les élections. Nous avons eu un résultat et il est vrai que c’est un recul en matière de nombre de votants et de pourcentage ; cela d’autant plus si nous faisons une comparaison avec les précédentes élections législatives et municipales de 2006 et présidentielles de 2007. Néanmoins, nous pensons avoir un nombre important de sympathisants partout en Mauritanie et à l’extérieur. Nous avons une présence significative dans ce pays et nous allons tirer les leçons nécessaires de ce recul, Inch’Allah, pour essayer de relancer de nouveau notre action politique pour convaincre les Mauritaniens de notre programme et de la valeur de notre candidat et/ou nos candidats pour les prochaines élections. Mais, ce qui est plus important pour nous, c’est l’organisation de l’élection présidentielle pour sortir de l’impasse politique, qu’a connue le pays pendant presque une année. Aujourd’hui, nous avons fait une élection présidentielle et élu un président, il est vrai qu’il y a des contestations mais nous avons des observations qui ne sont pas de nature à remettre en cause la crédibilité des élections. Nous estimons donc que ces élections doivent inaugurer une nouvelle période de stabilité politique et de développement où tous les acteurs politiques sont invités à jouer un rôle positif, soit dans l’opposition, soit au niveau de la majorité ou au niveau des gens qui vont gouverner. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une situation politique apaisée.
N.I: Vous venez de dire que vous allez tirer les leçons du recul de votre parti, mais, avez-vous une idée des causes de ce recul électoral de Tawassoul ?
MJOM : Il y a certainement des causes à ce recul. Premièrement, nous avons accepté de participer à l’élection présidentielle à quelques jours de son organisation avant la campagne. Il faut reconnaître que le climat politique n’était pas en notre faveur à l’époque, l’accord de Dakar ne nous donnait pas beaucoup de garanties pour une élection politiquement transparente. Il y avait des candidats qui avaient plus de poids financièrement et «tribalement». Il y a eu une utilisation flagrante de l’argent dans cette campagne. Les causes du recul de notre parti s’expliquent par le manque de moyens financiers et par là même l’emploi d’une stratégie de campagne différente. Il faut savoir aussi que d’autres candidats ont mené une campagne de dénigrement à l’encontre de notre parti avant et après l’accord de Dakar. Certains soutenaient Aziz (Mohamed Ould Abdel Aziz, le président élu, ndlr) et d’autres, ceux de l’opposition. Donc, cette campagne de dénigrement a porté ses fruits. En ce qui concerne notre recul, nous pensons que nous pouvons y remédier en améliorant nos discours et nos méthodes de travail. Nonobstant ce climat défavorable, nous avons obtenu un résultat honorable, et ce, dans toutes les régions de la Mauritanie ainsi qu’à l’étranger.
N.I : Est-ce que ce recul n’est pas dû à votre retrait du Front National pour la Défense de la Démocratique (FNDD), à quelques jours de l’échéance présidentielle ?
MJOM : Pour ma part, je ne crois pas qu’on puisse parler de retrait, mais plutôt que le FNDD a choisi un candidat unique et que Tawassoul, un parti du FNDD, a décidé de participer de façon solitaire à l’élection présidentielle. En faisant une comparaison avec le résultat obtenu par le FNDD, 16,29%, et le nôtre, 4,76%, nous pouvons constater que notre recul n’est pas dû à notre participation solitaire étant donné que le FNDD est composé de dix partis dont trois renommés. A l’heure actuelle, chacun peut donner sa propre explication de notre recul mais nous croyons aujourd’hui que la chose la plus importante pour nous est de tirer les leçons de cette élection présidentielle.
N.I : Lors de votre dernière conférence de presse, vous avez reconnu les résultats de l’élection présidentielle et appelez vos partenaire à en faire de même. Par ces gestes, peut-on dire que vous êtes favorable à la participation d’un gouvernement d’ouverture ?
MOJM : Nous n’avons pas lancé un appel à nos amis du FNDD pour reconnaître les résultats. Nous avons reconnu les résultats des élections car nous n’avons pas d’éléments qui remettent en cause la crédibilité des élections. Nous souhaitons que ces élections soient une étape vers la stabilité politique du pays et nous demandons à tous les acteurs politiques d’avoir une attitude de dialogue et d’ouverture pendant cette période post-électorale. Nous n’avons pas la prétention de décider à la place des autres néanmoins, nous demandons sérieusement à tous les acteurs d’avoir une attitude positive, la Mauritanie a d’ores et déjà perdu assez de temps. Maintenant qu’il y a un président élu, nous pouvons jouer notre rôle d’opposant, le dialogue est ouvert.
N.I : Si vous êtes invité, allez-vous participer au prochain gouvernement ?
MJOM : Je crois que la question est prématurée. Nous venons juste d’élire un président de la République, il n’a pas encore prêté serment. Nous, en tant que parti, nous avons reconnu ces élections. Dès samedi prochain, nous commencerons des discussions sur notre nouvelle ligne politique. Nous reconnaissons, certes, le président élu, mais nous pouvons être des opposants ou des participants à ce gouvernement. C’est une question qui sera discutée sur la base des nouvelles données, qui ne peuvent commencer qu’après l’investiture du nouveau président.
N.I : Si ces questions venaient à être discutées, quelles seraient les exigences du parti Tawassoul ?
MJOM : C’est le bureau politique qui déterminera si nous serons dans l’opposition ou dans le gouvernement en posant ses propres conditions.
N.I : Est-ce qu’aujourd’hui le parti Tawassoul est toujours membre du FNDD ?
MJOM : Aucune déclaration n’a été faite de la part de Tawassoul ou du FNDD spécifiant le retrait du parti ou de son exclusion. Une chose est sûre, nous agissons en tant que parti politique indépendant du FNDD. Par conséquent, il existe effectivement une ambiguïté entre Tawassoul et le FNDD, laquelle sera discutée au niveau du bureau politique.
Propos recueillis par Camara Mamady et Laure Sizaire
Date publication : 01-08-2009 12:53:16Lecture N°: 2934
Nouakchott Info