Quant à la situation de notre pays huit mois après l’accession du président Mouhamed ould Abdel Aziz à la magistrature suprême ;
nous aurions souhaité que l’élan et les bonnes intentions du départ ne s’estompent ou ne s’effritent rapidement.
GPS: Madame la sénatrice, vous êtes une figure emblématique de l’un des principaux partis du pays, Tawassoul. Quelle est l’évaluation que vous faites de la situation du pays, huit mois après l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Au nom de Dieu clément et miséricordieux, paix et salut sur notre prophète bien aimé, ses compagnons et tous ceux qui suivront sa voie jusqu’au jour de la résurrection.
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier de me permettre de m’exprimer à travers vos colonnes.
Quant à la situation de notre pays huit mois après l’accession du président Mouhamed ould Abdel Aziz à la magistrature suprême ; nous aurions souhaité que l’élan et les bonnes intentions du départ ne s’estompent ou ne s’effritent rapidement. Il faut un bon travail d’équipe pour réussir d’aussi ambitieux projets. Si nous voulons hisser la Mauritanie à la place qui lui sied dans le concert des nations. Vous conviendrez avec nous qu’il est inadmissible qu’aujourd’hui encore, en Mauritanie, des compatriotes aient des difficultés à subvenir à leurs besoins élémentaires : manger, se soigner, se loger, éduquer ses enfants, …
Votre parti a soutenu au cours des deux dernières des positions aux antipodes, l’une de l’autre. D’une lutte farouche et manifeste contre le coup d’Etat du 06 août 2008, à une position de plus en plus proche aux partis de la majorité. Comment, après recul, vous jugez, aujourd’hui cette propension à combattre une idée avant de la soutenir ? Et ou est ce qu’on pourrait placer votre combat d’aujourd’hui, du côté de l’opposition ou de la majorité ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Jusqu'à preuve du contraire nous faisons partie de l’opposition. Une opposition telle que le prévoit la constitution. Nous ne cesserons de rappeler que notre référentiel islamique nous ordonne le bien et nous fait prohiber le mal. Nous nous armons de patience et de tolérance. Nous reconnaissons ou nous dénonçons ce qui est fait dés l’instant que nous en sommes convaincus et en toute objectivité , sans préjugés sans parti pris. Nous sommes une opposition constructive. Nous préférons canaliser nos énergies vers tout ce qui peut nous aider à aller de l’avant afin d’extraire la Mauritanie du sous développement dans lequel elle s’enlise malgré ses immenses potentialités.
Selon certains observateurs, Mohamed Ould Abdel Aziz vous a exproprié le cheval de bataille qui a été naguère le vôtre, à savoir, la lutte contre la gabegie. D’autres analystes seraient même tentés de dire que vous avez abandonné ce thème. Que pensez-vous de cette lecture ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Vous rappelez à juste titre que nous avons été parmi les premiers à déclarer la lutte contre la gabegie et la corruption. Ça demeurera notre cheval de bataille tant qu’ils y’en aura. Nous ne pouvons qu’ être honorés si d’autre l’enfourche. De surcroit quand il s’agit du chef de l’état. Nous le félicitons et l’encourageons dans cette voie , avec justice et équité. Nous voudrons bien que d’autres suivent..Il y’a tellement à faire !
Le parti Tawassoul, est-il prêt aujourd’hui à faire une autocritique ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Nous ne cessons de faire notre autocritique ; je ne peux pas dire que c’est quasi quotidien mais autant faire ce peut et comme nous le recommande notre sainte religion; nous ne serons plus TEWASSOUL le jour où nous craindrons l’image que nous renvoie le rétroviseur !
On sent, sur la scène publique, une certaine fébrilité conséquente, dit-on, à la récente déclaration du PM sur l’arabisation de l’administration. Certains milieux estudiantins ont d’ores et déjà exprimé leur mécontentement. Mais la dernière sortie du ministre de l’enseignement supérieur et secondaire a refroidi les ardeurs. On constate néanmoins que les opinions sont très divergentes sur cette question et d’ailleurs les politiques sont même rentrés dans la danse. Quelle est votre position sur cette question ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Nous trouvons inadmissible des batailles rangées entre les différentes composantes de notre nation au risque de porter atteinte à notre unité nationale. Pendant que même les Européens et d’autres s’unissent pour être plus fort afin de relever les défis du vingt unième siècle et ceux à venir ;nous nous faisons des illusions si nous pensons pouvoir survivre divisés affaiblis chacun dans son coin. A moins que nous ne jouaillions le jeu de ceux qui ont intérêt à nous diviser pour mieux régner, auquel cas nous serons tous perdants ! C’est quand même surprenant qu’alors que la constitution a plus ou moins réglé le problème des langues que d’une manière subtile on veuille réveiller de vieux démons. Je voudrais préciser qu’il ne devrait pas y avoir un rejet d’une langue quelle qu’elle soit, de surcroit quant il s’agit de l’arabe qui est la langue qui a été choisie par Allah pour la révélation de la dernière religion sur terre. Nos grands parents utilisaient et utilisent encore l’alphabet arabe pour écrire en langue pular, wolof ou soninké leur courrier, leur « khassaide »c’est à dire poèmes religieux,..Par contre l’instrumentalisation d’une langue comme par le passé pour séparer les enfants mauritaniens selon leur appartenance ethnique est une forme de ségrégation inacceptable ;plus grave est de penser que seuls les maures apprennent l’arabe et les pular, wolof et soninkés apprennent le français ; peut importe si nous savons que ce qui nous uni est beaucoup plus important :l’islam et la Mauritanie. Rendons obligatoire le langage de l’amour et de la fraternité entre les mauritaniens pour régler la problématique de la cohabitation
D’autre part, le monolinguisme, aujourd’hui, est analphabétisme .Nous sommes pour le bi, le tri ou mieux le « quadrilinguisme ». Nous devons avoir le courage d’admettre qu’apprendre le français n’a rien de honteux. Une bonne partie de mauritaniens ont fait leurs études en français; ils ont des diplômes en français cela ne fait pas d’eux des pestiférés et ne justifie pas un traitement inapproprié ; il en est de même pour ceux qui ont étudié en arabe. Nous devons étudier autant de langues que nous pourrons. Notre diversité doit être une source de reconnaissance, d’enrichissement et de respect mutuel. C’est dans ce cadre que notre parti TEWASSOUL, le Rassemblement National pour la Reforme et le Développement( RNRD), entreprend une vaste campagne pour la sauvegarde et le renforcement de l’unité nationale. Nous invitons les partis politiques, la société civile ainsi que les citoyens à se joindre à nous lors de la cérémonie de clôture de cette campagne qui aura lieu le 28 avril à 17H à l’ancienne maison des jeunes
Nous veillerons aussi à ce qu’il y’ait une loi criminalisant toute atteinte à l’unité nationale
Récemment des leaders politiques nationaux ont fait une déclaration à Syrte (Libye) pour manifester leur allégeance au Guide de la Jamahiriya, Mouammar Kadhafi. Comment vous appréciez l’acte ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Nous préférons que vous posiez la question aux intéressés. Personnellement nous ne sentons pas la nécessité d’aller ailleurs pour régler des problèmes internes
C’est consommé, la rupture de nos relations diplomatique avec Israël. N’est ce pas là un point marqué par Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Yaye Ndaw Coulibaly :Tout à fait est qu’il en soit vivement remercié et félicité. Que cela dure tant que durera le sionisme et ses corollaires.
La diplomatie Mauritanienne est dirigée aujourd’hui par une femme. Comment évalue femme que vous êtes l’action diplomatique de Naha Mint Mouknass ?
Yaye Ndaw Coulibaly : Nous apprécions son dynamisme et nous sommes persuadés qu’elle saura mieux faire avec un très bon staff. Encore une fois il s’agit d’un travail d’équipe
Et quelles sont actuellement vos priorités en tant que femme élue ?
Yaye Ndaw Coulibaly : -Veiller à la sauvegarde et au renforcement de l’unité nationale,
-Veiller à préserver, voire améliorer les acquis de la démocratie,
-veiller à ce que plus de femmes accèdent aux sphères de décision,
-Ecouter, recenser les problèmes de ceux qui ont bien voulu m’accorder leur confiance, les poser aux autorités compétentes afin de trouver les solutions les mieux appropriées.
Au quotidien, pendant les cessions parlementaires, voter pour des projets de lois qui sont dans l’intérêt des mauritaniens …
Entretien réalisé par Oumrana Mint Ahmed Bezeid via site www.gps.mr