Son père : Son père, Sheikh Ahmad `Abd Ar-Rahmân Al-Bannâ, fut un savant actif connu pour sa générosité, son caractère aimable, sa piété et ses efforts pour réconcilier les gens.
Sheikh Ahmad `Abd Ar-Rahmân Al-Bannâ était spécialisé dans les sciences de la Sunnah ; il laissa un certain nombre d’ouvrages traitant du Hadîth dont Al-Fath Ar-Rabbâni li Tartîb Musnad Al-Imâm Ahmad, i.e., "Les illuminations divines pour organiser Musnad de l’Imâm Ahmad". Il est le grand père de Tarik Ramadan
Sa naissance : 1906, Sheikh Hasan Al-Bannâ naquit en Egypte à Al-Mahmûdiyyah, dans la province de Buhayrah.
Son apprentissage : Premier au classement, Sheikh Hasan obtint son diplôme de l’Université de Dâr Al-`Ulûm.
Ses efforts pour la religion :Hasan Al-Bannâ s’impliqua dans des activités islamiques visant à répandre la vertu et à lutter contre les actes et les paroles blâmables. Avec ces camarades d’école, ils créèrent l’Association de l’Ethique Religieuse (Djam`iyyat Al-Akhlâq Ad-Dîniyyah) ainsi que l’Association de la Lutte contre l’illicite (Djam`iyyat man` Al-Moharramât). A l’âge de douze ans, il participa à la Révolution de 1919.
Son attachement à la Tarîqah Husâfiyyah, une confrérie soufie en Egypte, enrichit sa spiritualité depuis sa jeunnesse.
Il fut nommé professeur dans une école de la ville d’Ismâ`îliyyah. Là-bas, il poursuivit son travail de prédication avec une approche originale. Il décida d’aller à la rencontre des gens dans leurs points de rassemblement. Ainsi prêcha-t-il dans des cafés. On le vit également, debout dans la plus grande place de la ville, levant le Coran avec la main droite et appelant les gens en disant : « Le droit Chemin est ici ! ».
Sa démarche fut fructueuse. En peu de temps, il parvint à rallier beaucoup de coeurs et d’énergie autour de lui, pour servir l’Islam, à une époque où le monde islamique sombrait sous la botte de la colonisation. Il avait un espoir : voir les musulmans battre du même cœur et se pardonner mutuellement.
Fondation de l’Association des Frères Musulmans : Al-Bannâ parvint à établir des bases solides pour une activité islamique réfléchie et réformatrice. Avec six autres membres, il prit l’initiative de fonder le premier noyau de l’Association des Frères Musulmans (Djamâ`ah Al-Ikhwân Al-Muslimîn) en mars 1928. En 1932, il fut appelé à travailler au Caire. C’est là un point tournant dans l’activité de l’Association des Frères Musulmans.
Le projet islamique qui anima la pensée d’Al-Bannâ englobait toute la communauté musulmane. Il ne s’agissait pas d’un projet local pour la société égyptienne. Cela se traduit en peu de temps, par la propagation de l’appel d’Al-Bannâ dans divers pays islamiques où il voyagea pour ancrer sa prédication et harmoniser les activités des Frères Musulmans.
Appelant à une réforme pacifique au sein des sociétés musulmanes à tous les niveaux - individuel et collectif - Al-Bannâ voyait toutefois la nécessité d’une lutte armée pour libérer la Palestine et toute terre injustement occupée par la botte de la colonisation. C’est ainsi que de nombreux membres des Frères Musulmans participèrent aux combats de 1948 en Palestine.
Sa mort (43 ans) : L’influence et la popularité des Frères Musulmans prirent des proportions importantes, voire gênantes selon des hommes au pouvoir qui jugèrent bon de liquider l’Association des Frères Musulmans en assassinant son leader.
Un complot sous le nom de « la Réconciliation » de l’Association des Frères Musulmans avec le gouvernement fut organisé. Plusieurs sessions de négociations étaient prévues. Al-Bannâ en sa qualité de leader de l’Association et son porte-parole participa aux négociations tenues au Caire, dans les locaux de l’Association Des Jeunes Musulmans. Après les négociations, il salua l’assemblée du gouvernement et se dirigea vers le portail. Dans la rue, devant le bâtiment de l’Association, il fut abattu. Gravement blessé, on lui appela une ambulance et il fut transporté à l’hôpital de Al-Qasr Al-`Aini, noyé dans son sang. Son âme retourna ainsi à Son Créateur le 12/02/1949.
Les éloges à son sujet : Aboul-Hassan Alî An-Nadwî (que Dieu lui fasse miséricorde) dit : "L'auteur de ce livre que j'ai l'honneur de préfacer fait partie de ces personnalités que la puissance divine a préparées, formées et fait naître à l'époque et au lieu voulus. Et toute personne qui lira ce livre avec le coeur ouvert et l'esprit ouverts, éloigné de tout sectarisme et tout orgueil, conviendra qu'il était un homme préparé et offert, et non pas le produit d'un milieu ou d'une école de pensée, d'une histoire ou d'une imitation, d'un effort de pensée ou de manières forcées, ou d'une expérience… Il n'était que le produit de la guidée divine, de l'attention que Dieu porte à Sa religion et à cette communauté. Cet homme n'était qu'un plant préparé pour être planté avec un grand objectif, à une époque où le besoin en était grand et dans un milieu où sa valeur apparaîtrait. (…) Toute personne connaissant cette situation [prévalant dans l'Egypte du début du XXème siècle] pour l'avoir vécue et non pas seulement lue reconnaîtra la valeur de cette personnalité qui est apparue soudainement et a surpris l'Egypte, puis le monde arabe et le monde musulman tout entier par sa prédication, ses talents de formateur, ses efforts et sa force exceptionnelle, où Dieu avait réuni des qualités pouvant paraître à beaucoup de psychologues et d'historiens comme étant impossibles à coexister chez une seule et même personne (…). Je n'ai pas pu le rencontrer, ni en Egypte ni hors d'Egypte (…).Cependant, j'ai pu me lier profondément avec ses élèves, j'ai pu vivre parmi eux comme vivent les membres d'une même famille. (...) De tout cela, j'ai pu recueillir en moi les traits du fondateur de ce mouvement et de cette école de pensée (…). Le talent de ce prédicateur, malgré ses multiples facettes et les multiples domaines auxquels il se rapporte, a transparu essentiellement dans deux aspects, qu'un petit nombre de prédicateurs seulement ont pu partager avec lui : l'un est son entier dévouement à sa prédication et sa conviction en elle … l'autre est sa capacité à laisser un effet profond dans les coeurs de ses compagnons et de ses élèves, et sa réussite stupéfiante à former". (préface des Mémoires de Hassan Al-Bannâ)
Mouhammad Al-Ghazâli a dit : "Celui qui me marqua le plus, c’est le martyr, l’Imâm Hasan Al-Bannâ. Il fut un savant en religion - au plus haut niveau qui puisse exister en matière de credo et Sharî'ah. Il fut de plus un orateur éloquent. Ses discours étaient toujours axés sur les fondements et non les sujets insignifiants, sur les réalités et non les illusions. Hasan Al-Bannâ avait compris la situation critique de l'Islam après l'effondrement du Califat et de l'Etat islamique. Les impérialistes étaient alors venus usurper les richesses de l'Islam en Orient et en Occident. L'homme s'opposa à leur force destructive en formant des groupes islamiques qui furent fiers de leur foi et fermement attachés à la vérité, malgré les obstacles et quelles que soient les conséquences. Hasan Al-Bannâ était l'ami de chaque croyant qu'il rencontrait. Celui qui le rencontrait était enveloppé généreusement par sa tendresse. On sentait qu'il était devenu un cher ami. Il veillait toujours à ne pas gaspiller du temps dans les paroles futiles. Il n'y avait pas une seule minute, je dirais même une seule seconde, qui s'écoulerait sans qu'il ne serve l'islam. Il servait l'islam par un mot, par un conseil, par une action productive, par une plaisanterie qui visait à établir l'amour entre les coeurs. Hasan Al-Bannâ avait une mémoire photogénique. C'est comme s'il se rappelait les évènements et les noms en tournant une cassette vidéo. Si quelqu'un le rencontrait et discutait un problème avec lui en mentionnant le nom de ses frères et sœurs et si il revenait le voir quelques années plus tard, il [Al-Bannâ] commencerait la conversation en prenant des nouvelles des frères et sœurs mentionnés, un par un. Il pouvait aussi continuer la discussion d'un problème ou d'évènements évoqués il y a quelques années, comme si cela avait eu lieu juste la veille. La vérité est que Hasan Al-Bannâ fut un aimant sincère. On pouvait le voir étreindre un simple ouvrier portant des habits salis. Cela ne l'empêchait guère d'exprimer son amour. En fait, Hasan Al-Bannâ est tellement distingué par de si nombreux aspects qu'il me faut un livre séparé pour détailler cela".
Abdullah Ibn Abdur-Rahman Ibn Jibrine (que Dieu lui fasse miséricorde) a dit :"Sayyid Qutb et Hassan Al Banna comptent parmis les savants des musulmans et parmis les gens de la da'wa. Dieu (le Très-Haut) a répandu du bien par leur intermédiaire et par leur intermédiaire Il (le Très-Haut) a guidé beaucoup de gens. Et leurs effort [pour la propagation de l'Islam] à tout deux ne devraient pas être niés". (26/2/1417 AH)
Tariq Ramadân dit: « Il [le gendre de Hasan Al-Bannâ, i.e. père de Tariq Ramadân] avait tout appris d’un homme qui lui avait tant donné, tant offert et qui très tôt, l’avait formé et protégé. A son sujet, il était intarissable : Hasan Al-Bannâ, par son total dévouement à Dieu et à ses enseignements, avait mis la lumière en son cœur et tracé le chemin de son engagement. A tous ceux qui le critiquaient, qui parlaient sans l’avoir même rencontré, ou entendu, ou seulement lu, il rappelait combien, à ses côtés, il avait appris la spiritualité, l’amour, la fraternité et l’humilité. Des heures durant, il faisait naître de sa mémoire les événements et les instants qui l’avaient marqué alors qu’il était comme son fils et qu’on l’appelait « le petit Hasan Al-Bannâ ». La foi profonde de son maître, sa dévotion, son intelligence, sa science, son ouverture d’esprit, sa bonté et sa douceur étaient les qualités qui émanaient de façon permanente de ses descriptions. Souvent, il parlait de sa détermination dans son engagement de tous les instants contre le colonialisme, contre l’injustice, pour l’islam : cette détermination n’a jamais été une caution à la violence qu’il refusait, comme il refusait l’idée d’une « révolution islamique ». La seule exception concernait la Palestine : le message d’Al-Bannâ était clair ; la résistance armée s’impose face aux desseins terroristes d’Irgun ou de l’ensemble des colons sionistes. Il avait appris de Hasan Al-Bannâ, comme il le dit un jour, « à poser le front à terre » : le vrai sens de la prière donnant force, dans l’humilité, au sens d’une vie entière. Il avait appris enfin à tout donner : après l’assassinat de son maître, en 1949, il retint la leçon et sacrifia tout pour faire entendre le message libérateur de l’islam. L’histoire est écrite par les puissants ; les pires calomnies avaient été dites à propos de l’Imâm Hasan Al-Bannâ : il n’eut de cesse d’écrire et de dire les vérités dont il s’était nourri. Mais l’amour du pouvoir des despotes a causé la mort et répandu le sang, beaucoup de sang ; et tellement de tortures. »