Le putsch du Général Al-Sissi : la folie anti-démocratique doublée du cynisme Occidental !

lun, 01/26/2015 - 15:22

Que les militaires interviennent, comme ils l’ont toujours fait dans la vie politique en Egypte, soit. Qu’ils ne s’entendent nullement avec un Président islamiste au pouvoir, et qui plus est un membre des frères musulmans, soit. Que les militaires égyptiens aient l’oreille plus à l’écoute des pro-occidentaux, des laïcs, des pro-américains, soit.

   

Mais qu’un groupe restreint de gradés de cette armée en arrive à avoir l’outrecuidance, voire l’effronterie, la folie même de destituer le premier Président civil élu au suffrage universel en Egypte, c’était l’erreur fatale et la ligne rouge à ne pas franchir. Vraiment le comble.
Car même si la prestation du premier Président islamiste dans le monde arabe pouvait apparaître critiquable à maints égards, rien, rien au monde ne pouvait justifier une telle spoliation du verdict des urnes, expression d’un choix librement rendu par les citoyens égyptiens lors des premières élections libres et transparentes jamais organisées en Egypte.
Voilà, en tout cas, la plus simple remarque et la plus naturelle attitude que devrait ressentir tout démocrate, conscient de l’impossibilité de gérer les différences de projets de société, d’opinions, de choix politiques, d’idéaux et d’obédiences ; que par une alternance pacifique au pouvoir, qui suppose en premier chef le respect stricte du verdict des urnes par les perdants.
Sans un tel respect, c’est tout le schéma démocratique de la consultation périodique de l’opinion libre des citoyens, qui se trouve battu en brèches.
Il paraît malheureusement que ces b a b de la démocratie manquaient cruellement à Monsieur Al-Sissi et à ceux qui l’ont soutenu et encouragé à commettre la plus grande gaffe politique jamais commise dans la gestion des affaires publiques des grandes nations, dont l’Egypte est l’une, et non des moindres. 
Il me semble, avec le peu de recul que l’on a déjà, et avec les signes forts émis par quelques régimes, que les monarques Saoudien, Emirati et Koweitien, ne sont pas étrangers à cette bourde. Car le Roi d’Arabie fut le premier à reconnaître les nouvelles autorités issues du putsch. 
Après quoi une disposition inégalée à aider financièrement l’Egypte a été exprimée, à travers une pluie de milliards de dollars -10 milliards de dollars d’aide, exprimée en moins d’une semaine- !
Des milliards grossièrement, ostentatoirement et coupablement accordés aux nouvelles autorités, en guise de cadeau servile pour leur grosse bêtise ! Preuve, si preuve est nécessaire, que ces régimes sont les premiers à craindre un mandat complet d’un frère musulman en Egypte qui mettrait leur fallacieux leadership religieux en miettes !
Mais qu’à cela ne tienne. Car l’essentiel est que tous les égyptiens libres, et pas seulement les frères musulmans, aidés en cela par tous les démocrates du monde entier, ne laisseront jamais leur première expérience démocratique voler en éclats. 
La preuve d’un tel refus se fait déjà devant nos yeux, à travers les héroïques sit-in pacifiques dans toutes les grandes villes d’Egypte, surtout au Caire, à la placeRABIA’A AL ADAWIYA, notamment. Des manifs pacifiques qui sont en passe, jour après jour, de montrer que les musulmans -ces jeunes hommes barbus et ces jeunes filles belles et voilées !- sont plus civilisés et plus démocrates que les prétendus laïques de tout bord !
Malgré l’embargo débile des médias officiels, d’une presse à la solde des barons du régime de Mubarak, mais aussi la presse Occidentale ; tout le monde, la révolution numérique aidant, à pu suivre les manifestations monstres des pro-Morsi sur You-tube, Facebook, Twitter, et autres réseaux sociaux de l’Internet.
Et quelque soit l’issu de ce bras de fer désormais tenu par l’armée à côté des pseudo-libéraux-laïques-occidentalisés-idiots-branchés, fans de je ne sais quoi d’une part, et par les forces islamistes progressistes, vives et représentatives des aspirations réelles des populations de l’Egypte profonde, la vérité est là : les bottes n’ont jamais été porteuses de salut. 
Les militaires au pouvoir sont comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Jamais un coup d’Etat n’a été porteur de salut pour un peuple. Et la mascarade des manifs montées, exhibées par tous les médias d’Occident et d’Orient, comme justifiant l’intervention de l’armée n’y fera rien !
Jamais les Occidentaux n’ont été aussi hypocrites, aussi cyniques et iniques en soutenant, des deux côtés de l’Atlantique, la plus grande hérésie démocratique : un coup d’Etat militaire dans un pays aussi important comme l’Egypte. La pilule est trop grande, trop grande pour passer.
C’est soit la démocratie ou son contraire, le despotisme, le totalitarisme et la dictature des militaires. Appelons les choses par leurs noms, et osons dire d’un chat, qu’il est bien un chat : un putsch est un putsch et il d’autant plus inadmissible qu’il vient avorter la première expérience vraiment démocratique dans un pays leader dans le monde arabe. 
En effet, après ce coup de force, quel est le naïf, salaud, fichu, idiot, débile et le plus arriéré mental des jeunes arabes ou musulmans qui continuera à croire à la ‘’démocratie’’ tant prônée par les Occidentaux et leurs marionnettes ?
Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères français, n’a-t-il pas si bien dit une fois : « On ne peut pas plaider pour la démocratie dans le monde arabe et boycotter un gouvernement issu d’élections incontestables. Sauf à renforcer, dans le monde musulman, l’idée selon laquelle le discours occidental sur la démocratie est purement cynique. »Sic. (L’Express du 31/8/2006) 
Et moi, de ma part, je dis ceci : si les occidentaux laissent passer cet abominable putsch, ils porteront leur cynisme au paroxysme, entraînant ainsi la radicalisation d’une jeunesse musulmane hautement cultivée et très ouverte d’esprit. Ce qui est vraiment regrettable.
Nouakchott le 12/07/2013
Mohamed Yeslem Yarba Beihatt 
Source CRIDEM