L’accaparement des terres de la vallée du fleuve continue !

jeu, 02/18/2016 - 16:03

Fonadh - Depuis quelques années onconstate une véritableruée en faveur de l’accaparement des terres de culture de la vallée du fleuve Sénégal. Ce mouvement a d’abord été encouragé par les Autorités de l’Etat mauritanien au cours des années quatre vingt, sous le fallacieux prétexte de l’application de l’ordonnance 83-127 du 5 juin 1983 portant réorganisation foncière et domaniale. 

Ce mouvement s’est surtout amplifié à la faveur des évènements de 1989, avec la déportation vers le Sénégal et le Mali des dizaines de milliers de paysans et d’éleveurs, qui avaient vécu grâce à l’exploitation des ressources naturelles de cette vallée ; exploitation qui était le fait de leurs ancêtres depuis plusieurs siècles déjà…

Ce mouvement, loin de s’amenuiser, a continué, en dépit de l’organisation d’un retour organisé des réfugiés, de 2008 à 2012. Non seulement des terres de culture de décrue ont été distribuées à d’autres compatriotes, au mépris des besoins des populations autochtones, mais encore une distribution s’organise en faveur d’opérateurs étrangers, notamment du Moyen Orient arabe.

Ainsi, dans la zone de Dar el Barka, un conflit perdure entre les paysans autochtones et l’Etat qui a décidé, unilatéralement, d’attribuer des milliers d’hectares de terres de culture et de pâturage à des opérateurs saoudiens. 

Aujourd’hui c’est dans la zone de Tékane que cet accaparement se manifeste : des engins du génie militaire (agissant en entreprise de travaux !) sont en train d’effectuer des travaux d’aménagement dans une zone de culture et de réserve foncière, en vue d’une occupation prochaine.

Cette opération s’effectue sans aucune information aux populations locales. Il semble même que le premier responsable de la wilaya ne serait pas au courant de cette opération.

Cette situation est grosse de difficultés. Car au moment même où l’ensemble de l’opinion publique mauritanienne manifeste le désir de voir régler de façon juste et durable les nombreux conflits fonciers le long de cette vallée du fleuve, des opérations d’accaparement continuent avec un mépris certain des populations locales, dont les seules ressources sont ces terres.

Face à cette situation explosive, les responsables et militants des organisations membres du FONADH :

- expriment leur solidarité sans faille aux populations de la zone de Tékaneconcernée ;

- condamnent avec la dernière énergie les agissements tendant à dessaisir les paysans de la vallée de leurs terres ;

- exigent des autorités le respect du principe de la priorité à l’agriculture familiale, au détriment de l’agro-business, comme l’indiquent les instances internationales compétentes ;

- demandent à tous les citoyens épris de paix et de justice d’œuvrer ensemble, en vue de trouver une solution juste et durable aux nombreux conflits fonciers nés des attributions abusives des terres de culture et même des aménagements réalisés par les paysans de la vallée du fleuve Sénégal. Les organisations signataires 

• Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH)

• Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT) 

• Collectif des Veuves

• Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des droits de l’homme(CSVVDH)

• Groupe d’Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social (GERDDES)

• Ligue Africaine de Droits de l’Homme / Section Mauritanie

• Regroupement des Victimes des Evénements 89 -91 (REVE)

• SOS-Esclaves

• Association Des Femmes Chefs de Familles (AFCF)

• Association Mauritanienne pour la Promotion de la Culture et de la Langue Sonninke (AMPCLS)

• Association pour la Renaissance du Pulaar en Mauritanie (ARPRIM)

• Association pour la Promotion de la Langue Wolof (APROLAW)

• Association d’Appui au Développement à la Base des Communautés(SALNDOU)

• Association pour le Développement Intègre de l’Enfant (APDE)

• Association pour le Renforcement de la Démocratie et l’Education Citoyenne(ARDEC)

• Ligue Mauritanienne des Droits de l’Homme (LMDH) 

source: http://www.cridem.org/C_Info.php?article=680898