Avortement de la rencontre Ould Mohamed Lagdhaf – Ould Bouhoubeyni: L’Histoire bégaie

jeu, 02/11/2016 - 13:29

- La dernière tentative de rencontre, entre le monsieur Dialogue du pouvoir, le docteur Moulaye ould Mohamed Laghdhaf, et maître Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni, président du Forum National pour la Démocratie et l’Unité(FNDU), a avorté. Les deux hommes devraient se voir, mercredi ou jeudi dernier, dans l’après-midi, à la demande de l’émissaire du gouvernement.

Mais, après avoir maintes fois reporté le rendez-vous, le docteur Laghdaf a fini par l’annuler, à la surprise générale, en demandant « un peu plus de temps » , a expliqué le président du Forum, joint par le Calame. 

A en croire certaines sources, le gouvernement se serait rétracté, parce que, tout simplement, la délégation du forum ne comptait pas de représentant du pôle politique. En réalité, le FNDU avait demandé à son président de rencontrer OuldMohamed Lagdhaf, à la seule condition que celui-ci lui remette une réponse, écrite, au mémorandum de l’opposition, en souffrance, depuis quelques mois, dans les tiroirs du monsieur Dialogue. « Nous n’avons pas besoin de commérages inutiles.

On n’a assez perdu de temps, à cause des tergiversations du pouvoir », déplore un des leaders du Forum et, de fait, c’est bien la réponse écrite au mémorandum qui cristallise la tension entre les deux camps. 

« Le pouvoir ne veut pas céder, pour ne pas donner l’impression de se dédire »,ajoute notre source. « Il cherche à nous amener à signer un mémorandum que nous n’avons ni évalué ni validé, aussi fait-il semblant de dialoguer, sans rien céder, pour autant, sur l’essentiel de nos revendications : il est seulement en quête d’astuces pour conserver le pouvoir ».

Pomme de discorde, la réponse écrite à ses doléances reste ainsi un préalable de l’opposition pour engager le dialogue. Le refus du pouvoir d’accéder à cette requête est, certainement, l’obstacle majeur à celui-là. Insurmontable ? Des rumeurs, faisant état de la volonté du pouvoir de répondre – enfin et par écrit – au mémorandum du FNDU, circulent à Nouakchott. 

Que se serait-il passé pour que le pouvoir accepte ce qu’il refusait avec tant d’opiniâtreté ? Un conditionnel qui en dit surtout long sur les manipulations des rumeurs, quand les velléités des deux camps sont si aisément qualifiées de « volonté » politique… 

Divergences d’approche

Il faut également signaler que des divergences d’approche continuent à miner leFNDU. Désormais, ce n’est plus une seule opposition, au sein du pôle politique, qui étale ses divergences, chaque fois qu’une décision est à prendre au sujet du dialogue.

Plusieurs pôles, particulièrement ceux des personnalités indépendantes et de la Société civile, ont ainsi affiché leur « agacement », lors d’une récente réunion àNouakchott. 

Ils déplorent les « hésitations » du pôle politique. A en croire une des personnalités indépendantes, ce sont plutôt les divisions, entre les politiques, qui constituent l’obstacle majeur au dialogue avec le pouvoir : « Les arguments, avancés par les uns contre les autres, annihilent tous les efforts à nouer celui-ci ».
Cette espèce de malaise, au sein du FNDU, s’est, semble-t-il, exacerbée avec le magistère d’Ould Bouhoubeyni. Si la majorité présidentielle avait accueilli favorablement la désignation de l’ex-bâtonnier à la tête du FNDU, le RFD, membre influent du Forum a été, quant à lui, accusé d’être « hostile » à l’avocat.

Des rumeurs aussitôt démenties, par un communiqué du parti d’Ahmed Ould Daddah. Ould Bouhoubeyni avait affiché, il faut le souligner, sa volonté de faire avancer le dossier du dialogue, au cours de son mandat, ce qui a certainement poussé le pouvoir à manifester le désir de le rencontrer, dès sa prise de fonction. 

Une première rencontre qui a mis à nu les divergences au sein du pôle politique du Forum. Résultat, le RFD gèle sa position et certains de ses membres, comme le CND, estiment que des questions secondaires ne doivent pas occasionner des divisions au sein du FNDU. Des différences d’interprétation, sur le mode de prise de décisions au sein du Forum, entre consensus et majorité, se sont fait jour. Un débat qui peine à être tranché.

Bref : hésitations du pouvoir et divergences d’agenda, au sein du FNDU, hypothèquent toujours un dialogue que les chapelles politiques, prétendent, toutes, réclamer et que l’opinion publique mauritanienne attend, elle, depuis 2009. 

Mais, pendant que les acteurs politiques se livrent à des querelles de clochers, la grande majorité du peuple mauritanien subit les caprices de son gouvernement et des grands commerçants. 

Le premier augmente la TVA sur certains produits, refuse de baisser le prix du carburant, et les seconds font valser, à leur guise, les prix des produits de grande consommation. Des nécessités quotidiennes, comme le riz, l’huile ou le sucre, pourtant stockées, dans les magasins, bien avant l’augmentation de la TVA.

Béante, la fracture sociale s’agrandit et les propos méprisants du porte-parole du gouvernement, concernant l’incidence « négligeable » du prix du gasoil sur les pauvres, en sont la plus visible manifestation. Mais ne dit-on pas qu’on a le gouvernement qu’on mérite ? 

Et que reste-t-il, alors, au peuple, quand ceux-là mêmes qui devraient opposer, à celui-là, au moins une cohérence de contestation s’engluent dans des chamailleries mondaines, sur l’à-propos ou non d’un dialogue avec le pouvoir ?

DL 

source : crideme